29 août 2005 – 11 juin 2016
J’avais décidé d’avoir 50 ans dans le désert… ce fut à Merzouga.
Arrivée à Casablanca comme directrice artistique dans une agence de production graphique, où les clients avaient l’habitude de travailler et surtout de payer pour les services d’un infographiste, après 6 mois, je suis allée me faire voir ailleurs. J’ai donc pris une patente, avec 1 seul client et mon courage… et j’ai appelé le Collège LaSalle avec qui j’avais déjà enseigné en Colombie*.
Je savais que je ne resterais pas à Casablanca, sans pourtant entrevoir la façon de quitter cette ville cacophonique et sans intérêt, sauf sur le plan commercial, pour sa proximité avec l’Europe.
J’ai même fait la traversée du détroit de Gibraltar, un vieux rêve, comme pour refaire le trajet de nos ancêtres hominidés. Quelques nuits à Tanger et retour en me laissant glisser le long de la côte, en pratiquant mon espagnol.
Des charges de cours en graphisme à Rabat et à Casablanca, j’ai été appelée à participer à l’ouverture de l’école à Marrakech et à m’y installer après quelques mois avec ces étudiants créatifs et motivés, 12 gars… tous plus grands que moi ! J’ai même assumé la direction de l’école, en forçant le directeur à me trouver une remplaçante, comme il avait été convenu. Mon besoin de liberté est trop grand pour m’astreindre à des tâches plus frustrantes que valorisantes.
Je me suis ensuite retrouvée à l’ÉSAV de Marrakech comme enseignante en arts plastiques en 1ère et 2e années, en plus d’une intervention en 3e et la coordination de la 1ère année.
C’est la tâche d’enseignement où j’ai ressenti le plus de gratification de la part des étudiant-es. C’était une relation de partage, tant sur le plan humain que pédagogique, leur permettant une ouverture à la communication, non seulement visuelle et artistique, mais aussi personnelle et spirituelle. Un lien de confiance s’était établi avec ces jeunes qui avaient un grand besoin de se libérer d’une pression sociale et religieuse. On était dans la liberté d’expression la plus totale, aucune censure…
Le Maroc est un pays intéressant, même si encore très marqué par le patronat français. Toutefois, de plus en plus de jeunes Marocain-es reviennent de l’étranger pour démarrer leur propre entreprise et cette fois-ci, inverser les rôles en engageant des étrangers. Ils reprennent donc enfin possession de leur pays, même si la majorité des riads de la Médina de Marrakech appartiennent aux Français. D’autres se font construire des palaces en périphérie et s’éclatent dans les soirées pseudo jet-set. Beaucoup de clin-clan et de débauche dans ce pays qui accueille beaucoup de quinquagénaires venant s’y émanciper et des divorcés qui avaient oublié de s’éclater. Ouf ! de la haute superficialité !
J’ai beaucoup aimé les déserts de Merzouga et de M’Hamid, Essaouira, Chefchaouen, l’Oukaïmden et la médina de Marrakech, malgré sont côté touristique et de plus en plus commercial, comme le reste du pays d’ailleurs.
Une population tiraillée par des valeurs qui ne lui appartiennent pas ou plus… une agressivité latente et toujours susceptible d’éclater. Un pays attachant mais surtout intéressé…
J’y retournerais en vacances, mais je dois d’abord aller voir ce qu’est devenue la Bolivie*, pays qui a changé ma vie.
*voir Amérique du Sud.
Description détaillée du séjour :
1ère publication : morin-arte.blogspot.ca/2008_06_11_archive.html
dernière publication : morin-arte.blogspot.ca/2016/06/