BOLIVIE . 5 – 24 décembre 2018
JOUR 1 . Départ à 15h : Montréal – Toronto – Lima : 17h50
Nous transitons par Lima à l’aller et au retour. Nos chambres sont réservées par Airbnb à Lima et les 3 premières nuits à La Paz. On utilisera d’ailleurs ce mode de réservation pour la majorité des endroits où nous logerons.
JOUR 2 . Lima – Perù : 6 décembre 1h45 . Transit 20h42
Ma nièce Maude m’accompagne et fait preuve d’une grande faculté d’adaptation au voyage routard. Nous sommes accueillies à l’aéroport par Juan Carlos et sa compagne, qui vivent dans le quartier Callao, près de l’aéroport.
Surprise ! mon iPod refuse de se connecter au wifi, sauf sur des réseaux ouverts : aéroports, centre commercial… Je ne peux pas non plus me connecter sur le téléphone de Maude, ne pouvant pas recevoir le code de sécurité sur mon téléphone, laissé à Montréal. Mon iPod est donc devenu sénile… et l’histoire se répète.

Nous sortons pour découvrir Lima, ville d’environ 10 000 000 d’habitants… Une mégapole dont le centre est engorgé et très bruyant. Les nouveaux quartiers sont modernes et plus calmes, malgré la voie de circulation rapide le long de la côte.
On trouve de la tisane de coca au marché et des comprimés contre le mal de l’altitude. La température est très agréable, le soleil est chaud, avec un vent qui rafraîchit. On se promène un peu à la recherche d’un resto végan. On trouve un buffet assez varié et pas mal du tout, où on mange à peu de frais.
Nous sommes charmées par el Parque del Amor* à Miraflores, face au Pacifique. Départ ce soir pour la Bolivie. Maude est heureuse !
*el Parque del Amor : le Parc de l’Amour
JOUR 3 . La Paz . Bolivia
Emma Rivas de Ticona en 1992 et avec Maude en 2018
Nous avons loué un petit studio au 11e étage de l’Alameda, où j’ai vécu entre 1990-92, au 24e étage… quel coïncidence ! Béatriz nous accueille malgré l’heure avancée, il est près de 3 heures du matin. L’appart est petit, mais on peut y cuisiner et il y a un radiateur…
Le calme de La Paz, déserte la nuit, nous a plongées dans une autre énergie. Il est bien évident que la Bolivie est un pays plus calme, plus près de la culture andine et moins porté sur le capitalisme. Ce sera maintenant plus relax, même si j’ai des gens à retrouver et des endroits spécifiques à explorer. La Paz fait 1 million d’habitants plus l’Alto, un autre million… Pas de quoi vivre à la course, même si les rues sont très animées, ici aussi.
La Paz : La Paix

Après quelques bonnes heures de sommeil, on s’est rendues à la Plaza San Francisco, mangé un délicieux repas végan et très économique, au Café Vida, sur la rue Sagàrnaga. J’ai ensuite retrouvé Emma, ma sorcière bien-aimée, toujours à sa boutique sur la rue Linares, avec ses petits fils qui prendront la relève. Elle a semblé me reconnaître après tant d’années, moment très touchant. Elle est toujours aussi vive malgré un âge avancé. Par contre Marta, chez qui j’achetais mes amulettes, est morte. C’est sa fille qui a pris la relève. Elle était absente ce jour-là, aux études selon les femmes du kiosque à côté. On y retournera pour les achats des derniers jours.
Après une pause à l’appart, on est allées au Wayruru Café, de Raquel et Christian, qui était absent. Le fils de Raquel nous a donné des conseils pour régler le problème du iPod… aller d’abord consulter chez Apple ou l’achat d’une puce locale, avec des cartes rechargeables.
Les comprimés et la tisane font effet, on n’a pas vraiment de malaise dû au soroche*. C’est approprié aussitôt que la fatigue ou le mal de tête se pointent.
*soroche : mal de l’altitude
JOUR 4 . La Paz . 8 décembre . Journée ensoleillée : 18 – 23°
La Paz et son téléphérique avec le Mururata à 5 871 mètres, en arrière-plan…
… et ici c’est l’Illimani, à 6 438 mètres.
Voici un commentaire de mon ami Alain Thirion, qui vit en Bolivie et à qui nous avons rendu visite un peu plus loin : « Illimani, el cuidador protector de La Paz*, avec ses 3 pics et le Mururata qui est plat. La légende raconte que le Mururata était plus beau, plus « majestic » et plus grand que Illimani, qui en est devenu jaloux (du Mururata) et lui aurait coupé la tête… résultat, le Mururata est devenu tout plat (en pente)… »
Maude se fie à Google Map… pensant pouvoir aller chez Apple à pied, mais c’est plus loin que prévu. On nous avise que le iPod, ne pouvant plus effectuer les mises à jour du système, devient effectivement un peu sénile…
On se dirige vers le mirador Killi Killi, qui selon Google Map est tout près… J’ai cru trépasser lors de la montée, ponctuée de pauses à chaque coin de rue, exténuée, j’ai finalement atteint le sommet. Les vues imprenables sur la ville et de l’Illimani valaient bien les efforts, ouf ! Mais, un conseil à toute personne voulant s’y rendre, il est préférable de prendre un taxi, les 10 Bs (2$) vous épargneront de grandes frustrations.
On a ensuite fait des tours en téléphérique, impressionnant ! 7 lignes traversent déjà la ville, avec 2 lignes supplémentaires à venir… On a pris la ligne bleue qui monte à l’Alto, pour connecter avec la ligne orange et ensuite la ligne blanche qui s’arrête près d’où nous logeons. Mode de transport très économique et avant-gardiste, tout à fait adapté à La Paz, grande cuvette au cœur des Andes.
*el cuidador protector de La Paz : le protecteur de La Paz
JOUR 5 . Départ pour Copacabana
Une fois sur l’Altiplano, la cordillère nous saute aux yeux. Une merveille qui nous éblouira plus d’une fois pendant le voyage… Photos : Maude Ouellet

J’ai appelé Edgar Bustillo et j’ai eu droit à un Aye ! Dios mio !* Il était à l’Alto pour le marché du dimanche, avec la promesse de le rappeler au retour. On a acheté une carte Tigo, qui permettra de faire un partage de connexion sur le téléphone de Maude. La route vers Copacabana est impressionnante ! On longe la cordillère et le lac, magnifique !
*Aye ! Dios mio ! : Aye ! mon Dieu !
JOUR 6 . Copacabana
On loge à l’hôtel Andes, avec une grande chambre avec vue sur le lac. L’atmosphère est plus détendue et cela plaît bien à Maude. On restera ici quelques jours avant d’aller sur l’île du Soleil. On mange une bonne soupe de quinua* tout près de la plage.
On devra prendre le rythme des gens d’ici, soit sortir tôt le matin, s’arrêter le midi jusqu’à ce que le soleil soit moins fort et reprendre nos activités plus tard. J’ai les lèvres brulées par le soleil.
Petite mise au point sur notre façon d’être. Mon impatience se manifeste lorsque Maude cherche sur internet, plutôt que de me faire confiance. C’est « générationnel ». Je voyage avec les gens et le Routard et elle avec internet… On sait bien qu’internet n’est pas nécessairement à jour et/ou propage parfois de fausses informations. La discussion porte ses fruits et le reste du voyage est plus serein. On est en train de développer des moyens d’économiser et Maude devient routarde, de plus en plus chaque jour.
*quinua : quinoa, cultivée sur les hauts plateaux d’Amérique du Sud.
À part chercher des tongs, qu’on a trouvées pour Maude et un chapeau, qu’on n’a pas trouvé pour ma tête trop petite, on a vu la Cathédrale, sans le baptême des camions. Il est tout de même impressionnant de constater à quel point les dorures débordent. Un peu incompréhensible, considérant la pauvreté du pays.
On est passées au marché pour acheter de quoi se concocter un bon petit sandwich maison : pain, tomate, avocat…
JOUR 7 . Pause…
Toujours ensoleillé… on est d’ailleurs un peu rougies et Maude à une turista* depuis ce matin. Oublié de laver la tomate… Oups ! et le petit-déjeuner aussi un peu trop gras.
On devait aller au bain de l’Inca, la température plus fraîche s’y prêtant. Je suis sortie un peu et lui ai ramené une portion de riz. J’irai seule demain si elle ne se sent pas mieux. Elle veut des comprimés. Selon le pharmacien, elle doit s’en tenir à un régime de riz, patate et banane, ce qui s’accorde avec mes conseils…
*turista : se passe de traduction…
JOUR 8 . Baño del Inca*
Nous sommes allées au Bain de l’Inca en taxi, après que Maude aie pu manger une portion de riz. Le ciel est partiellement nuageux et la température est plus fraîche. Une dame âgée et ce qui semble être sa fille et son gendre, ivre à en baver, nous accueillent. Nous entrons par le petit musée, un peu décrépi, où sont gardées quelques reliques tirées de la Baie, dont une momie, qui fascine beaucoup Maude. Le tout aurait bien besoin d’un peu de soin.
Nous entrons ensuite par la fontaine, dont l’eau, qui vient des Andes, alimente le bain. Cette eau est réputée pour être curative. J’en asperge mes lèvres en feu. Le lieu est dans un état de désolation à en pleurer. On a coupé la majorité des eucalyptus, il reste à peine 3 arbustes de fleurs, tout est délabré, sauf la pierre verticale ayant alors servi de bain à l’Inca.
*Baño del Inca : Bain de l’Inca

Pourquoi cet endroit n’est-il pas pris en charge par le Ministère de la Culture ? Il en est de même pour l’Intikala, Asiento del Inca*, où nous allons par la suite. Des hommes y sont groupés, sûrement pour consommer. On y reste à peine le temps de prendre des photos à la sauvette, de peur d’être agressées. Un homme borracho* est complètement affalé sur le sol, entre les immenses pierres qui servaient jadis de sièges. Ce manque de considération est désolant pour des lieux culturels et historiques de cette importance.
On mange ensuite des crêpes au miel, sous des guirlandes de Noël.
*Asiento del Inca : Siège de l’Inca
*borracho : soûl
JOUR 9 . El Calvario*
Maude va mieux et c’est le jour du Calvaire… On se sent prêtes pour l’escalade après quelques jours d’acclimatation. Nous logeons au 3e étage, on s’est pratiquées en se disant que la 30e marche étaient notre limite. On est donc montées doucement, en déposant une pierre et une incantation à chacune des 14 stations. La température était presque idéale, semi-nuageux, avec un petit vent venant du lac et même une pluie fine à un moment, lors de la montée. Les arbres nous ont servi d’abri.
Là-haut, face au lac, on a allumées les bougies achetées au passage du chemin de croix. Pour s’assurer de la réalisation des vœux, associés aux couleurs, on doit rester jusqu’à ce qu’elles se soient complètement consumées.
*El Calvario : le Calvaire
On s’est ensuite arrêtées pour discuter avec Ernesto, un yatiri*, pour une offrande et une incantation à l’intention des Premières Nations du monde entier. Une vie en harmonie et sans guerre pour tous les peuples du Canada. Maude a filmé la scène. Il a aussi ajouté des prières à mon intention, paix, santé, chance et le succès pour nos projets. Il a aussi demandé le nom et le métier de Maude pour l’intégrer à ses litanies. Ce rituel m’a beaucoup émue, car on aurait dit qu’il devinait certaines de mes intentions.
En pause avant de sortir manger, on a fait notre itinéraire pour le reste du voyage. Nous arrivons sûrement à la partie la plus intéressante.
Plusieurs restos offrent des repas végétariens et celui de notre choix est fermé. Je discute avec un Argentin, lui précisant qu’on est véganes. Il nous indique un resto un peu plus haut, en longeant la plage : Joshua. Tout à fait ce qu’on cherchait, très écolo en tout, genre auberge de jeunesse. D’ailleurs tous les jeunes voyageurs branchés du monde s’y trouvaient… mais ce n’est pas dans Le Routard.
Bel orage électrique, juste après notre retour sous une pluie fine… ouf !
Nous tournons maintenant le regard vers l’Île du Soleil, pour au moins 2 nuits. Ce sera ensuite le bus de nuit pour Uyuni, couper la route du retour en dormant à Potosi et enfin, 2 jours chez Alain Thirion à Cochabamba, avant le retour à La Paz.
*yatiri : shaman, sorcier, guérisseur…
JOUR 10 . Isla del Sol / Piedra Sagrada*

Nous sommes exactement où nous devons être, Hostal Inka Pacha. Le propriétaire Martìn, Aymara, nous accueille et nous parle de l’île, de son histoire, sa culture, sa dynamique, ses problèmes… La partie nord est fermée au tourisme, dissension au sein des communautés. Certaines veulent une expansion vers la modernité et d’autres essaient de préserver les coutumes et croyances ancestrales.
Marcelo, chilien d’origine, s’est arrêté sur l’île et y a élu domicile. Plongé dans la dynamique spirituelle de l’île, il y réside et assiste Martìn dans son travail de sensibilisation à la culture Aymara de la Bolivie. La culture Aymara existait avant l’arrivée des Incas, qui étaient des envahisseurs et colonisateurs.
On discute à quelques reprises et il est question de mon projet. Le sujet vient très vite sur Tiwanaku et au moment du départ Marcelo me montre un livre que Martìn lui a offert : El mensaje del Sol : eslabòn de los Andes* de Guillermo Lange Loma. Je trouverai ce précieux livre au retour. Je savais que je rencontrerais quelqu’un pour m’aider à avancer sur mon projet.
*Isla del Sol / Piedra Sagrada : Île du Soleil / Pierre sacrée
*El mensaje del Sol : eslabòn de los Andes : Le message du Soleil : lien des Andes

C’est donc jusqu’ici qu’il fallait venir pour trouver la clé. Il nous reste à voir Tiwanaku, en espérant que ce ne soit pas aussi décevant que les sites précédents. Il est à espérer que des fonds soient libérés pour restaurer tous les lieux d’importance et permettre aux populations de s’instruire sur la valeur de leur culture et de retrouver leur dignité à titre de peuple fondateur.
JOUR 11

Il fait toujours un soleil magnifique et nos montées deviennent coutumes… L’entraînement des derniers jours à Copacabana aura servi, surtout au Calvaire.
Nous visitons l’ancien Palais Inca… du moins ce qu’il en reste. Plusieurs accès ont été obstrués, suite à l’effondrement du toit. Comme ailleurs, le manque de budget fait qu’on condamne plutôt que de rénover… Le temple n’offre pas autant d’attraits que celui du nord de l’île, malheureusement inaccessible.
On cherche et finit par trouver le restaurant Las Velas*, où l’attente est interminable. Resto organique et végétarien, où on mangera une pizza, malgré le désir du proprio de nous servir une de ses fameuses truites. L’endroit vaut le détour, ne serait-ce que pour le point de vue de la terrasse, perchée sur un versant abrupte, face au Pérou.
*Las Velas : Les Bougies

JOUR 12 . Isla del Sol . Copacabana . La Paz . Uyuni
Il a plu toute la nuit et ça continue. Le temps devrait toutefois s’éclaircir à la mi-journée. Nous partons vers Copacabana, direction La Paz et transport de nuit vers le Salar de Uyuni*, en espérant y trouver du soleil…
Quelques heures au terminal de bus, où nous trouvons tous selon nos besoins, un bon prix pour le bus avec siège-lit, bureau de change, avec le meilleur taux jusqu’à maintenant et de quoi manger…
Un peu difficile de dormir, car le siège est trop long et je glisse constamment vers le sol. Un homme-orchestre tout près, présente son répertoire sonore plutôt déconcertant : reniflement, ronflement, raclement de gorge et autres sons parfois difficiles à identifier…
*Salar de Uyuni : Désert de sel d’Uyuni
JOUR 13 . Salar de Uyuni

Endroit assez agréable à Hostal Eucalyptus avec Wilber, très attentif à nos besoins. On prend le temps de se poser, laver nos vêtements, chercher à manger, faire quelques courses et trouver l’agence Mammouth pour le tour au Salar demain.
On mange « encore » une pizza chez Minuteman Pizza, elle est bonne, mais on ne peut pas dire que ce soit ma nourriture préférée… Pas toujours simple d’être végane ici.
JOUR 14
On vient de passer une très bonne nuit sur nos lits de sel, tout à fait appropriés au sommeil régénérateur. Il a plu durant la nuit et le soleil est de retour. On viendra nous chercher vers 10h30.
Au petit-déjeuner, rencontre d’un jeune entrepreneur colombien et sa compagne, qui voyagent en moto. Elle retourne dans sa famille pour les fêtes, il continue vers le sud. Il visite les endroits les plus marquants d’Amérique du Sud : Nazca, Machu Picchu, le Salar, Iguaçu… Il rêve de faire le tour du monde et visiblement, il en a les moyens. Il est restaurateur à Medellin.

4 jeunes étudiant-es en ingénierie de Cochabamba partagent le 4×4 avec nous. Le Salar est extrêmement touristique, les 4×4 affluent de partout… Toutefois, Isla Incahuasi, l’île aux cactus, est impressionnante. C’est sur un amas d’éponge durcie par le soleil que poussent d’immenses cactus. C’est le point de chute après le cimetière de train, les kiosques touristiques, où on s’arrête pour manger et l’hôtel de sel.
Au retour, on manque d’essence à environ 20 kms, dans une courbe. Négligence de la part du chauffeur, qui aura mis 150 Bs d’essence plutôt que 200… On doit attendre que quelqu’un vienne nous chercher. S’il avait fallu qu’on reste en panne dans le Salar, la nuit… impossible de nous retrouver. Il y a d’ailleurs beaucoup d’histoires de gens disparus dans ce désert.
Ce fut tout de même une très belle journée, qui en valait le détour.
JOUR 15 . Potosi
L’ancienne ville est assez intéressante, même si un peu détériorée. Les quartiers qui se sont développés plus bas, autour des mines, sont tout simplement affreux !
Nous habitons à La Casona*, un hôtel d’un charme certain, mais froid, comme on pouvait s’y attendre à Potosi. On est allées à l’agence Tigo* pour finalement comprendre et régler le problème de réseau, interrompu depuis ce matin.
*La Casona : La grande maison
*Tigo : fournisseur de service de téléphonie et d’internet du Luxembourg
En attendant l’ouverture du resto végan, on est sorties manger un dessert. On a été surprises par une pluie diluvienne et trempées de la tête aux pieds… Je savais pourtant que ces ondées étaient de courte durée et qu’il s’agissait d’attendre que ça s’arrête. On est parties en courant, les flots dévalant les rues… On suspend tous nos vêtements dans la chambre, en espérant que cela sèche pendant la nuit, malgré l’humidité.
Je mange encore une soupe de quinua, délicieuse et je ramène les légumes que j’avais commandés, avec un petit pain. J’aurai donc de quoi me faire un sandwich demain, pour la route.
JOUR 16 . En route vers Cochabamba

On passe par Oruro, on aura encore 4 heures de route pour Cochabamba. La communication est bonne avec Alain, qui nous attendra à Quillacollo vers 21 heures. Il habite à 50 minutes à l’extérieur de Cochabamba, dans sa Casa Chispa*.
À la vue du camion, je me doute bien… Il passe sous mes yeux et je crie, une seconde fois, son regard me scrute par la fenêtre du côté passager… On se reconnaît malgré les 26 ans qui nous séparent. C’est un plaisir de le revoir.
Quel beau personnage il est devenu, un sage qui fait de la permaculture et qui vivra bientôt en pleine autarcie. La maison qu’il a rafraîchie est perchée un peu au-dessus de la ville. La nature l’enchante et il concocte plusieurs de ses produits de consommation. Tout est fait en fonction du respect de l’environnement.
Il nous sert un thé vert à la stevia*, petite plante dont les feuilles sont sucrées. C’est ensuite la douche et un bon lit. Je m’endors au chant des grenouilles qui logent dans la piscine.
*Casa Chispa : Maison l’Étincelle
*stevia : arbuste qui fournit un édulcorant naturel.
JOUR 17 . 21 décembre . Solstice d’été…

Quel bonheur de se lever avec le jour, au chant des oiseaux. Je sors explorer les alentours et je me pose dans le fauteuil suspendu, près de la toilette écologique, face au paysage
Nous partons vers les cascades… Ouf ! ce fut toute une expédition, presque toujours en montée. Alain avait heureusement prévu des gants et une corde pour m’aider à franchir les escarpements. Il est vraiment très en forme et je suis souvent loin derrière, à reprendre mon souffle. Les cascades jumelles, que nous atteignons suite à quelques péripéties, sont hautes et gonflées d’eau.
Après une sieste, Alain allume un feu de foyer et joue un peu de charango*. Nous discutons avant de cuisiner une soupe de lentilles, tandis qu’Alain prépare une salade verte. Il est très agréable de partager avec cet homme.
C’est la pleine lune et le solstice, mais on doit se coucher tôt, départ pour La Paz demain matin. Refaire les sacs avec nos vêtements qui ont séché sur une corde tendue au-dessus de la salle de séjour.
Alain est un exemple de citoyen du monde que plusieurs devraient suivre. Le séjour chez-lui fut trop bref, mais oh combien agréable !
*charango : instrument de musique originaire de la ville de Potosí.
Voir le pdf de la Casa Chispa
JOUR 18 . En route vers La Paz
Alain nous conduit au terminus, notre billet est pour 7h30, nous partons vers 9h… rituel bolivien oblige. Un sandwich et 7 bonnes heures de trajet.
La Paz

On sort faire nos derniers achats et voir Emma. J’y trouve exactement le genre de colliers que j’aime. Elle nous fait aussi une incantation pour le succès de notre projet. Je la quitte avec beaucoup d’émotions.

Nous allons ensuite voir Paula, la fille de Marta, au kiosque des amulettes. Je lui montre la photo de sa mère, décédée depuis 1 an et je la dépose dans le kiosque, au-travers des amulettes. C’est émouvant de voir cette jeune femme, qui était le bébé dans l’aguayo* de Marta, 26 ans plus tôt. J’achète mes amulettes et Paula nous offre, à Maude et moi, un petit tatoo pour la chance.
Nous mangeons ensuite dans un petit resto sympa, avec nourriture traditionnelle, dont des Papas a la huancaina* pour Maude et encore une soupe de quinua pour moi. Je ne m’en lasse pas. C’est délicieux ! Je n’ai toujours pas appelé Edgar Bustillo… demain au retour de Tiwanaku.
*Pachamama : Terre-Mère, déesse liée à la fertilité.
*aguayo : tissu traditionnel tissé à la main et utilisé par les femmes de Bolivie.
*Papas a la huancaina : plat péruvien de pommes de terre cuites à l’eau et nappées avec une sauce épicée et crémeuse aux arachides.
JOUR 19 . Tiwanaku
Pyramide enfouie de Tiwanaku
Temple Kalasasaya
Dans l’attente du départ, on discute avec un jeune et sympathique Hollandais. Il voyage en Amérique du Sud, comme beaucoup de jeunes qu’on rencontre ici et là.
C’est dimanche, il y a donc beaucoup de monde sur le site, qui s’est beaucoup détérioré depuis. Rien de nouveau au niveau des fouilles, mais des escaliers métalliques ont été ajoutées pour accéder aux murailles.


Toutefois, le musée de la poterie a été réaménagé dans un édifice avec des vitrines pour classifier les pièces. Belle amélioration ! Par contre, où sont passées les momies conservées dans les jarres ? Seront-elles ajoutées au tout nouveau Musée ? en plein aménagement et dont plusieurs salles ne sont toujours pas accessibles.
Le marché du dimanche à l’Alto congestionne complètement la circulation. Le chauffeur nous demande de descendre près du cimetière. Ne trouvant pas de taxi, nous rentrons à pied… encore toute une marche !
- Un mariage le long de la route…
JOUR 20 . Départ pour Lima
Le départ est retardé, vérification technique. Et dire que l’agent nous a stressées lors de l’enregistrement, disant que le vol était fermé.
Aeropuerto Internacional Jorge Chàvez : près de 18 heures en transit… On prend donc le temps de faire les choses : passer chez Air Canada pour nos cartes d’embarquement, aller à Serpost pour mes cartes postales, changer de l’argent, prendre les infos pour la navette et finalement, trouver un taxi au même prix pour Miraflores…
Je suis très heureuse d’avoir pu poster mes cartes postales, qui prendront l’avion, tout de go… Je ne me voyais pas les poster de Montréal ou les remettre en personne.
Miraflores . Lima
Il n’est que 10 heures du matin et on ne peut pas enter à l’appart avant 15 heures. On tue le temps au parc Tupac Amaru, tout près d’où on va loger, à regarder vivre les gens dans la rue à la veille de Noël. L’excitation est palpable pour ce peuple qui a été évangélisé, donc « hautement » catholique, comme la majorité des Sud-Américains.
Déception, nous sommes au rez-de-chaussée et nous voyons à peine le ciel… Il faudrait partager la terrasse avec tous les gens qui habitent les 3 étages. C’est plutôt luxueux, même trop pour nos besoins. On avait prévue relaxer face au Pacifique… Je vais au moins profiter du lave et sèche-linge, comme la petite italienne que j’avais jadis.
J’ai faim ! On a encore de la difficulté à trouver un resto, c’est le 24 décembre et presque tout est fermé. Le chauffeur de taxi nous laisse dans la zone la plus touristique de Miraflores, on trouvera à pied…
On mange finalement chez Tarbouch. Ali, un Argentin-Libanais et voisin de table, nous fait la conversation, sympa et plutôt rigolo !
De retour à l’appartement, on relaxe un peu. Un petit roupillon que j’aurais bien prolongé… mais on doit maintenant partir vers l’aéroport pour notre vol à 3 heures du matin. Vol Rouge d’Air Canada, non complet. On pourra donc se déplacer vers la rangée du centre et avoir 3 sièges pour dormir.
J’ai rêvé de Edgar Bustillo, que je n’ai pas vu finalement. Je vais essayer de lui téléphoner ou le trouver sur Skype.
*Tarbouch : Tarbouche ou Fez, est une coiffure en feutre mou portée par les Musulmans.
JOUR 21 . 25 décembre . Arrivée à Montréal
Retour au nord et au froid. Alfred sera à l’aéroport… avec mon manteau. Je vais directement à la maison, besoin de calme et de rester dans mes souvenirs.
Ça aura été un voyage bien rempli, riche et agréable. Bel itinéraire parfois fatigant, mais toujours fascinant ! Ce pays reste dans mon cœur. Les gens sont toujours aussi chaleureux et sympathiques.
Retour à la réalité nord-américaine : le profit avant l’humanisme. Ce voyage me rendra encore plus détachée du matérialisme, du besoin de paraître, de s’afficher publiquement, même si j’ai bien l’intention de publier l’histoire que m’a inspirée ce pays, dans un but de sensibilisation à la réalité des Premières Nations dans le monde.
BAGAGES à la fin du voyage : sac en bandoulière : 1,5 kilo . sac de voyage : 7,6 kilos
VILLES VISITÉES : Peru / Lima . Bolivia / La Paz . Copacabana . Isla del Sol . Uyuni . Potosi . Cochabamba . Tiwanaku
TOTAL DES FRAIS : 1 790 $ . Billet d’avion : 925 $ . Terrain : 742 $ / 19 jours : 39$ par jour
FRAIS D’AÉROPORT : 123 $. Il aura fallu payer les frais 2 fois à la sortie de Lima et à la sortie de La Paz. Des frais s’appliquent aussi parfois au terminal d’autobus : 3 bolivianos, plus ou moins 60 sous.